Économie — 23/02/2016 at 11:05

Les grands fonds américains pris dans la spirale boursière

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De Blackstone à KKR, les grands fonds cotés déçoivent en Bourse et engagent des rachats d’actions.

Faut-il que les grands fonds cotés américains repensent leur modèle ? KKR, le quatrième gérant mondial de capital-investissement, qui publiait jeudi ses résultats annuels, a fait certes un peu mieux que les leaders du marché, Blackstone, Carlyle et Apollo. Le fonds de 120 milliards de dollars d’Henry Kravis a publié une progression de 53 % de son résultat économique sur le dernier trimestre 2015. Mais comme ses concurrents, ces performances sont bien en deçà des attentes des analystes. Depuis 2014, l’action du géant du non-coté se rapproche de son cours plancher, avec un titre à 11,70 dollars jeudi, contre 9 dollars en juillet 2010. Blackstone, Carlyle et Apollo ont publié des résultats économiques encore plus décevants au dernier trimestre 2015, avec un recul de 57 à 70 %.

Ces acteurs sont affectés par la baisse de valorisation de leur portefeuille, mis à la valeur de marché, en particulier dans l’énergie avec la chute du cours du pétrole. Les volumes de cessions dans leur portefeuille s’est également ralenti. Cette mauvaise fin d’année vient compléter deux ans de dégringolade. Le cours de Blackstone, premier gérant mondial avec 336 milliards de dollars d’actifs, évoluait encore jeudi bien en deçà de son cours d’introduction (23,8 dollars contre 35 dollars en 2007), celui de Carlyle, numéro deux du secteur touchait son plus bas historique, à 11,3 dollars, et celui d’Apollo n’était pas loin non plus de ses plus bas, à 12,52 dollars.

Pertinence de la cotation
Des performances qui font réfléchir à la pertinence de la cotation en Bourse de ces grandes plates-formes d’investissement du non-coté. Malgré leur diversification (gestions alternatives, immobilier, etc.), elles ne résistent pas aux soubresauts des marchés. « Il y a très peu d’intérêt pour les investisseurs à détenir des titres de gérants alternatifs, en dépit des multiples et des rendements élevés », a commenté Kenneth Hill, un analyste de Barclays lors de la publication des résultats du numéro un mondial Blackstone.

Mais les patrons de fonds ont jugé publiquement les marchés incapables d’apprécier la force de leur modèle et ils ont tous annoncé des programmes de rachat d’actions. Leon Black, le président d’Apollo, a qualifié d’ « absurdité », la valorisation de son groupe. Il a lancé le premier rachat de titres jamais opéré par le fonds depuis sa cotation en 2011, dont des actions venant en garantie de rémunération de ses employés. Stephen Schwarzman, chez Blackstone, a estimé que le titre de son fonds, sur des hypothèses conservatrices de croissance des actifs et de commissions versées par ses investisseurs, devrait au moins atteindre de 100 à 125 dollars dans dix ans, soit plus de cinq fois plus qu’aujourd’hui. « Vaut-il mieux un rendement de 20 % en investissant dans le titre Blackstone, que 2 % sur les titres du Trésor ? a-t-il demandé aux analystes. Contrairement à moi, c’est visiblement pour la majorité d’entre vous une décision difficile à prendre », s’est-il moqué.


Source : Anne Drif, Les Echos

 

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