Les « hedge funds » à l’assaut de la dette des Etats-Unis

La présence croissante des « hedge funds » sur ce marché fait craindre pour sa stabilité.

C’est une petite révolution dans le marché des « treasuries ». Alors que le marché des emprunts d’Etat américains était jusqu’à récemment dominé par les investisseurs de long terme, fonds de pension et surtout banques centrales étrangères, les « hedge funds » sont en train de prendre une part de plus en plus importante. Même si la Réserve fédérale ne communique pas précisément sur le montant de dette détenue par ces types d’acteurs, la catégorie à laquelle ces derniers appartiennent dans ses statistiques a vu ses encours progresser de 400 milliards de dollars l’an dernier, pour atteindre 1.270 milliards de dollars, selon Bloomberg. Soit près de 10 % du total des 13.300 milliards de dollars de « treasuries » en circulation.

Autre indicateur, les investisseurs situés dans les Caraïbes ont vu leurs encours de dette américaine passer de 273 milliards de dollars en janvier 2015 à 350 milliards de dollars, soit une hausse de 30 %. Or, de nombreux « hedge funds » sont localisés dans cette région, siège de paradis fiscaux comme les îles Caïmans.

Ce phénomène s’explique par le fait que les « treasuries » sont plus rémunérateurs que les autres principaux titres d’Etat. Mardi, le taux des obligations des Etats-Unis à 10 ans évoluait autour de 1,80 %… contre 0,144 % pour le Bund allemand. L’écart entre les deux se maintient sur ses niveaux les plus élevés depuis la crise de 2007. Le surplus de rendement de la dette américaine est encore plus important si on le compare aux titres japonais, qui affichent un taux négatif de -0,093 %. En outre, les fonds spéculatifs ont pu construire leurs positions en achetant les emprunts américains vendus par certaines banques centrales étrangères, notamment dans les pays émergents.

Pics de volatilité
Pour quelques spécialistes de la dette souveraine, cette arrivée des « hedge funds » peut être considérée comme bénéfique. Dans un marché largement dominé par des acteurs de long terme qui conservaient leurs titres plusieurs années, la multiplication d’investisseurs plus actifs dans leur gestion est en effet de nature à améliorer la liquidité. Mais la tendance générale est plutôt à l’inquiétude. La crainte est que les « hedge funds » sortent de cette classe d’actifs aussi vite qu’ils sont arrivés, créant ainsi des pics de volatilité, notamment lors de la prochaine hausse des taux de la Fed. Le département du Trésor américain surveille de près la situation.


Source : Guillaume Benoit, Les Echos

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