« Les millennials de mon équipe ne font pas le moindre effort »

On est à peine début février, et je suis déjà épuisé. On oublie facilement pendant la trêve de Noël combien il peut être difficile de travailler en banque d’investissement ; la réalité est bien différente de ce que beaucoup peuvent imaginer. Et l’attitude des banquiers juniors d’aujourd’hui n’arrange rien à l’affaire.

Il y a maintenant plus de dix ans que j’ai débuté dans la finance, et j’ai toujours essayé de garder à l’esprit la chance que j’ai. Pendant longtemps, j’ai douté de pouvoir rejoindre ce secteur – ce fut un dur combat, et j’ai dû accumuler les journées sans fin dans un autre job pour y parvenir. Je suis bien conscient que rien n’est facile, même en dehors de la finance. Depuis mes débuts dans la banque, j’ai toujours travaillé autant que nécessaire pour gagner des clients ; et ça n’est pas toujours simple dans une banque européenne. Cet état d’esprit est sans doute l’une des raisons qui m’ont permis d’être promu régulièrement.

Les juniors de mon équipe n’ont pas la même approche. La génération Y n’y met pas la même ardeur, du moins dans la banque. Je le vois au quotidien ; et ma tâche n’en est que plus difficile. Le pire, c’est encore que les managing directors de la vieille école refusent de croire que les nouveaux analysts et associates constituent un réel problème. C’est comme le réchauffement climatique : je dois faire avec une bande de juniors tire-au-flanc dont les MD nient jusqu’à l’existence.

Tous les jeunes n’ont pas la même attitude, mais dans la banque où je travaille, le terme de ‘millennial’ est devenu synonyme de ‘paresseux et indifférent’, des éléments qui ne voient aucun réel intérêt à s’investir dans le travail. Pas plus qu’il n’en trouvent à collaborer ou démontrer la moindre empathie : ils sont là, assis à leur bureau, coiffés toute la journée de leur casque à réduction de bruit, ignorant leur entourage pendant qu’ils font leur boulot, et s’en vont.

Je conçois que c’est peut-être trop leur demander que de faire preuve d’empathie lorsqu’on attend d’eux qu’ils travaillent jusqu’à deux heures du matin, mais ce n’était pas comme ça quand j’étais junior. Nous aussi, on travaillait jusqu’au petit matin mais on se parlait, on mangeait ensemble, on échangeait avec nos supérieurs, et on gérait aussi les emails ensemble pour aider l’équipe. Je ne vois rien de tel aujourd’hui.

Cette nouvelle génération ne semble pas faite pour la division banque d’investissement. Leur focus ? ‘L’équilibre vie pro-vie perso’ et ‘l’hygiène de travail’ – en d’autres termes, faire le boulot en déployant le minimum d’efforts. Ils choisissent systématiquement le moyen le plus rapide pour terminer une tâche, même si cela implique de produire un travail de moindre qualité, et ils n’ont que faire de la valeur intrinsèque du travail. C’est triste : se sentir véritablement concerné par ce que l’on fait peut constituer une véritable source de plaisir. Et c’est aussi frustrant : je me sens concerné, moi aussi j’ai eu ma part de nuits blanches, et je dois toujours fournir un gros travail afin de compenser pour ceux qui refusent d’en faire autant.


Damian Mich – Read more on efinancialcareers.com


 

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