La licorne française Sorare soupçonnée d’être un site de paris déguisé

La startup française Sorare, l’une des mieux valorisés en France à 4,6 milliards d’euros, se trouve dans le viseur du régulateur qui estime que son activité se confond sous certains aspects avec des paris sportifs. Sorare a jusqu’à l’automne pour prouver que ce n’est pas le cas. Sinon, elle devra se plier à la lourde régulation des plateformes de paris sportifs, ce qui pourrait bouleverser son modèle jusqu’ici florissant et même rentable.

Carton jaune pour Sorare. L’Autorité des jeux (l’ANJ) adresse un premier avertissement à la startup et à son modèle d’activité, qui pourrait bien vaciller. Le gendarme des paris sportifs et des jeux d’argent en France réclame à la plateforme de prouver qu’elle ne fonctionne pas comme un site de paris sportifs déguisé d’ici à l’automne.

Actuellement, ses utilisateurs achètent sur l’application Sorare des cartes de joueurs de football numérisées grâce à la blockchain qui en garantit l’authenticité. La valeur de ces cartes évolue au gré des tournois que l’usage perd ou remporte sur la plateforme. L’issue des tournois elle-même est déterminée par les performances dans la vraie vie des footballeurs dont on possède les cartes.

Spéculation sur des jeux de hasard ?

Les usagers spéculent donc sur l’évolution à la hausse ou à la baisse de leur carte de footballeur en fonction des performances sportives du joueur dans la vraie vie, soumises au hasard. Enfin, ils peuvent revendre leurs cartes comme on s’échangeait jadis des vignettes Panini ou des cartes Pokémon. Avec l’espoir d’un gain par rapport à leur « investissement » initial.

Ce sont sur ces aspects que l’Autorité nationale des jeux émet des doutes sur la nature de l’activité de l’entreprise. Si Sorare ne parvenait pas à dissiper les doutes de l’ANJ et que cette dernière la considèrait in fine comme un outil de paris sportifs, la jeune pousse lancée en 2019 devrait alors subir une régulation aussi étroite que les sites de paris sportifs comme les leaders du secteur en France Winamax, Unibet et Betclic. Cela signifie que Sorare devrait subir une fiscalité plus lourde, contrôler plus étroitement son activité, les flux d’argent et l’identité de ses utilisateurs, et surtout interdire l’accès aux mineurs. Soit une part significative de son public.

Jusqu’ici le modèle de Sorare connaît un succès fulgurant, revendiquant plus d’1,8 million d’utilisateur, une activité rentable depuis juin (ce qui n’est pas si commun dans l’univers des startups). Son éclatante réussite en moins de trois ans, l’activité ayant été lancée en 2019, a attiré de nombreux investisseurs. A son palmarès : la plus grosse levée de fonds jamais réalisé en France… à 680 millions de dollars.

M’Bappé comme investisseur et ambassadeur

Le jeu payant est si populaire que des stars du football en sont adeptes dont les français Antoine Griezmann et Kylian M’Bappé. Les deux étoiles du football français en sont même devenus investisseur, et ambassadeur dans le cas de Kylian M’Bappé. De grands championnats comme la prestigieuse Liga espagnole, la Bundesliga allemande et la Serie A italienne ainsi que des clubs historiques ont scellé des partenariats avec Sorare pour convertir leurs équipes en cartes numériques Sorare.

L’attraction Sorare dépasse désormais largement les frontières du rectangle vert, qui dispose désormais d’un siège à New York. Sur le marché américain, la pépite française vient d’annoncer un partenariat avec la ligue de baseball américaine MLB. Reste à savoir si la pression du gendarme français des paris va peser sur l’expansion fulgurante de Sorare, laquelle fait l’objet d’une mise en garde assortie d’une enquête similaire de la part du régulateur britannique des paris.


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