Bonus 2015 : heureux comme un VP en banque d’investissement

Plus qu’un mois à patienter avant la publication des rapports de rémunérations par les banques françaises au titre de 2014.

Mais déjà la saison 2015 commence à livrer ses secrets. Une année en « demi-teinte dans une activité globalement en attrition où les enveloppes des bonus semblent avoir été peu ou prou maintenues mais avec des différenciations toujours plus fortes au sein des équipes », résume Jean-François Monteil, managing partner du cabinet Eiger International à Paris.

Depuis quelques années déjà, les banquiers parisiens connaissent la chanson : d’un côté, de vrais efforts sont faits à l’endroit des collaborateurs qu’on ne veut surtout pas voir partir et à qui l’on accorde des bonus en nette hausse et, de l’autre côté, un message clair envoyé à ceux que l’on considère comme les moins bons éléments (baisse du bonus voire « zéro » bonus).

La distribution des enveloppes ne saurait cependant se contenter de cette seule grille de lecture. La structure des âges liée aux enjeux du marché de l’emploi éclaire aussi les arbitrages en matière de bonus dans la finance parisienne.

VP : un juste retour de balancier ?

Cette année, les grands gagnants sont sans conteste les vice presidents (VP, soit de 5 à 8 ans d’expérience). Les VP à Paris ont vu leur bonus augmenter en moyenne de 35% en un an, d’après une étude réalisée par le spécialiste des rémunérations Emolument.com pour eFinancialCareers.fr. L’étude porte sur un échantillon de 524 banquiers employés à Paris du rang d’analyste à celui de directeur, les grandes banques françaises (BNP, SocGen, Natixis, Crédit Agricole) représentant environ 70% de ce panel.

Pourquoi ce pont doré accordé aux VP ? Pour Alice Leguay, COO chez Emolument, il s’agit d’un retour de balancier. « Nous avons vu le même phénomène à la City. De 2011 à 2014, les VP ont été globalement négligés au profit des vrais dealmakers, les directors et les managing directors que les banques craignaient de perdre dans une conjoncture particulièrement difficile », explique cette ancienne banquière d’investissement.

Sauf que dans ce laps de temps ces profils confirmés ont réalisé qu’ils avaient sacrifié beaucoup pendant leurs cinq premières années et que les prévisions pour le secteur n’étaient plus franchement réjouissantes avec des environnements de plus en plus régulés, politiques et contraints en matière budgétaire. Jean-François Monteil évoque de son côté une « paupérisation des tâches » de certains VP contraints de plus en plus à faire le travail des associates par manque de ressources, d’autres plus chanceux sont extrêmement sollicités par leurs MDs en frontline.

En manque de reconnaissance

Dans le même temps, le « VP a incontestablement un rôle pivot en banque parce qu’il anime et forme les équipes de juniors et, que dans certains cas, il aide même à l’origination de deals. Les banques doivent donc faire attention de bien le traiter », explique le chasseur.

Ce qui n’avait manifestement pas été bien fait ces dernières années provoquant la fuite des talents, notamment vers le secteur du private equity, trop content de recruter ces profils qui ont prouvé leur capacité d’analyse et de modélisation.

« Devenir VP, c’est comme entrer dans la famille, on est adoubé par ses pairs, vous devenez un porte-drapeau de votre banque, c’est à ce moment aussi où la rémunération se compose avec des actions et plus seulement du cash », indique Alice Legay. Encore faut-il que les montants des bonus soient en adéquation avec les attentes des collaborateurs…

Pas sûr que ce soit le cas cette année pour les associates et dans une moindre mesure les analystes, parents pauvres de cette saison 2015. Le montant des bonus accordés à ces derniers marquent une baisse de 17% et de 4% en un an respectivement. Ainsi un énorme écart s’est créé cette année entre les VP qui gagnent un variable de plus de 2,5 fois le montant de leurs collaborateurs associates.

Efinancialcareers

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