Ce que conseille le géant BlackRock aux robo-advisors

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Transparence, protection des données… Les start-up qui proposent de la gestion digitalisée de portefeuille sont soumises à des impératifs forts si elle veulent convaincre.

Les robo-advisors, ces fintech qui proposent de la gestion de portefeuilles en ligne avec peu, voire pas d’intervention humaine et beaucoup d’algorithmes ont débarqué en France en 2012 avec un noble dessein : démocratiser l’accès au conseil financier, historiquement réservé aux détenteurs des patrimoines les plus élevés.

Mais ce n’est pas parce que ces acteurs sont digitaux et qu’ils n’attirent encore qu’une audience confidentielle – 100 millions d’euros d’actifs sous gestion en avril 2016 dans l’Hexagone, selon le cabinet Chappuis Halder, c’est-à-dire une peccadille comparé aux 3,5 milliards d’encours actifs bruts gérés par les sociétés de gestion de portefeuille en 2015 – qu’ils ne sont pas soumis aux mêmes impératifs que leurs homologues de chair et d’os.

Dans un rapport, le géant mondial de la finance BlackRock a formulé une série de recommandations à destination des professionnels du conseil digital en investissement. Martin Parkes, director of government affairs and public policy chez BlackRock et co-auteur du rapport, nous en dit plus.

Connaître le client et lui faire des suggestions en adéquation avec sa situation et ses objectifs

“C’est le b.a.-ba”, vous dites-vous peut-être, mais le propos est moins trivial qu’il n’y paraît : BlackRock encourage les robo-advisors à mettre le paquet sur les questionnaires qu’ils soumettent à leurs utilisateurs en début de parcours. “En agence, il est relativement facile, au cours d’un rendez-vous d’une demi-heure, de poser une quarantaine de questions au client pour bien comprendre sa situation familiale, patrimoniale et professionnelle. Mais lorsque la proposition est faite online, le risque existe que le client soit plus distrait, qu’il s’ennuie. L’attention qu’il va porter à toutes les questions qui lui seront posées ne sera pas forcément maximale”, prévient Martin Parkes.

D’où l’importance, pour un robo-advisor, de s’assurer d’une part que le client a bien compris toutes les questions qui lui ont été soumises et, d’autre part, que les réponses qu’il y a apportées sont cohérentes entre elles. “Il existe notamment des systèmes de gamification pour cela”, suggère Martin Parkes. Et de préciser dans la foulée qu’un dispositif automatisé n’est pas obligatoire : “Il peut s’agir par exemple de proposer au client, avant le passage à l’étape suivante, de discuter avec quelqu’un par chat ou d’appeler un conseiller pour vérifier qu’il ait bien compris le questionnaire. Autre possibilité pour tout savoir, ou presque, de son client : recourir à des solutions d’agrégation de comptes. “Aux Etats-Unis, par exemple, où l’épargne est souvent éparpillée dans différentes institutions, des dispositifs mis en place par des agrégateurs tels que Yodlee permettent à leurs utilisateurs de partager leurs encours avec d’autres brokers.”

Bien concevoir l’algorithme et le surveiller

La société de gestion d’actifs insiste aussi sur le fait que les conseillers en matière de gestion doivent veiller à ce que des professionnels de l’investissement disposant d’une solide expertise soient étroitement associés au développement et à la surveillance continue des algorithmes. “Les paramètres de l’algorithme sont sélectionnés par des humains, et non par des machines, rappelle Martin Parkes. Il faut un système de gouvernance où l’on apporte des tests de résistance pour déterminer, en interne, si les paramètres étaient bien ceux qu’il fallait retenir, s’ils répondent à l’évolution du marché et à l’offre proposée au client. L’ingénieur en informatique qui a mis en place l’algorithme apporte son analyse technologique, mais il faut aussi un complément de gestion de risques, de gestion de portefeuille.”

Etre transparent sur les coûts et les risques qui existent

Troisième recommandation de BlackRock à l’égard des conseillers financiers digitaux : faire preuve d’une grande transparence quant aux coûts des services qu’ils proposent. “Avec la mise en place de la directive MiFID 2 (directive européenne sur les marchés d’instruments financiers, ndlr) en janvier 2018, rappelle Martin Parkes, le client devra avoir connaissance des coûts de toutes les composantes de son investissement : coût des plateformes, des produits proposés et coût du conseil.”

Cela n’a toutefois rien d’une contrainte pour les robo-advisors : comme ils passent souvent par des fonds passifs, tels que les ETF, dont la marque de fabrique est de supporter des frais moins élevés que les fonds actifs, les robots conseillers mettent justement l’accent sur la transparence dans leur argumentaire de vente. Loin du géant de la finance l’idée de dire qu’il s’agit là de publicité mensongère : “Ce que nous voulions, c’était quand même souligner que le degré de transparence qui va bientôt être obligatoire en Europe doit constituer un standard minimum dont les autres marchés devront s’inspirer”, explique Martin Parkes. Voilà qui est dit.

Mais la transparence n’est pas qu’une affaire de coûts : BlackRock insiste également sur le fait que les conseillers digitaux doivent communiquer clairement sur les risques technologiques, opérationnels et de marché qui existent.

Accorder toujours plus de soin aux techniques de commercialisation

Souvenez-vous du temps où le client et son conseiller en agence se rencontraient une fois l’an. “Les ordres étaient exécutés sans trop de rapport avec l’évolution du marché. Cela dépendait surtout du timing du rendez-vous client”, raconte Martin Parkes.

Mais ça, c’était avant : “Avec le robo-advisoring, on peut désormais apporter des modèles d’exécution plus institutionnels, plus rationnels au client. Il faut alors une qualité et une discipline du trading. Cela ressemble à une activité de gestion de portefeuille, de gestion institutionnelle. Les équipes des robo-advisors doivent également réfléchir à la manière de fournir la meilleure exécution”. Là encore, précise Martin Parkes, rien de nouveau par rapport aux exigences de MiFID 2.

S’assurer de la protection des données et la cybersécurité

“Les risques de cyber sécurité croissent, déplore Martin Parkes, et il faut que les nouveaux acteurs du marché soient très sensibles à ces questions et qu’ils mettent en place des mesures préventives.” Par exemple ? S’assurer contre le risque d’atteinte à leur serveur et prévoir des procédures au cas où il ne soit plus accessible en cas de cyber attaque. Une telle chose ne s’est jamais produite, du moins autant que s’en souvienne Martin Parkes. “Toutefois, on constate que les régulateurs au niveau international publient régulièrement des rapports sur les risques de cyber sécurité.” Et si le régulateur le dit…


Source : Justine Gay, JDN

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