97 % des recruteurs tiennent compte des « soft skills » dans leurs démarches de RH

52 % des recruteurs font des softs skills un critère déterminant à l’embauche, selon une étude de Monster.fr. Karl Rigal, responsable éditorial du site d’offres d’emploi, revient avec nous sur l’importance de ces compétences comportementales pour les entreprises.

Dans quelle mesure les soft skills sont-elles aujourd’hui prises en compte par les recruteurs ?

Les recruteurs témoignent un intérêt grandissant pour les compétences comportementales. 52 % des recruteurs font des softs skills un critère déterminant à l’embauche, et 45 % les prennent en considération comme venant en complément de compétences techniques (hard skills) primordiales – ce sont ainsi 97 % des RH qui évaluent les savoir-être des candidats. Les compétences techniques sont aujourd’hui de moins en moins pérennes : il faut sans arrêt former pour les maintenir à jour.

Les soft skills permettent au recruteur de se projeter sur le long terme. Elles sont la promesse de voir la personne évoluer dans l’entreprise : si elle dispose des savoir-être nécessaires, celle-ci saura être durable et polyvalente, changer de poste ou de métier le moment venu, et si besoin développer les compétences techniques nécessaires sur le tas.

89,5 % des recruteurs interrogés dans le cadre de notre enquête pensent que dans les années à venir, les compétences comportementales dans le travail continueront, inévitablement, à prendre de l’importance – et cela d’autant plus que l’univers de travail se transforme rapidement. Il y a de petites variations selon les organisations – les TPE / PME privilégient certaines compétences comportementales, différentes de celles des grandes entreprises -, mais globalement, dans un monde qui change très rapidement et où les hard skills sont très vite obsolètes, les soft skills sont donc la garantie pour un recruteur de pouvoir se projeter sur un collaborateur qui aura beaucoup d’atouts pour pouvoir faire face aux challenges qui seront les siens dans son métier, ou dans l’évolution de son parcours au sein de l’entreprise.

Quelles sont les soft skills les plus recherchées par les entreprises ?

Selon notre étude, les compétences comportementales les plus appréciées au sein des organisations sont l’adaptabilité / agilité, l’esprit d’équipe, la rigueur / organisation et l’empathie / écoute. Viennent ensuite la motivation, la curiosité, l’ouverture, l’esprit d’entreprendre, la créativité, l’inventivité, la gestion du stress, et en bas de classement, la confiance en soi et l’optimisme.

Concrètement, comment les soft skills sont-ils détectés chez les candidats ?

L’entretien physique, utilisé par 94,6 % des recruteurs dans cette optique, est le premier grand moyen : on pose des questions, on observe la manière dont le candidat répond – gestuelle, postures, façon dont il illustre ses compétences par des exemples concrets. Mais 35 % essaient aussi de détecter les soft skills via des tests de personnalité, 37 % appellent les références indiquées par le candidat (ceux chez qui il est passé préalablement, ses pairs, ses anciens collègues) pour confirmer leurs ressentis et en savoir plus sur ses savoir-être. À noter que 17 % des recruteurs sont attentifs à la e-réputation des candidats – ils se rendent sur les réseaux sociaux, afin de savoir de quelle façon le candidat appréhende le réseautage en ligne, échange avec des pairs sur Internet concernant son métier… Il s’agit ainsi de regarder comment ses traces laissées en ligne laissent transparaitre certains aspects des compétences comportementales dont il se prévaut.

Il faut enfin savoir que les soft skills sont aussi recherchés par les entreprises chez les collaborateurs déjà en place, puisque lors des entretiens d’évaluation, un point est désormais réalisé autour de ces savoir-être. Car développer ces compétences permet de les garder le plus longtemps possible dans l’entreprise.

Quid du risque de discriminer certaines personnes en misant tout sur les soft skills ?

Des candidats qui ne font preuve ni d’adaptabilité, ni d’esprit d’équipe, ni de rigueur, ni d’organisation, ni d’empathie, ont de toute façon peu de chances de passer les barrages de l’entretien. On ne leur demandait peut-être pas, jusqu’alors, d’avoir un haut niveau sur ces compétences, un simple bagage technique lié au métier visé suffisant autrefois, mais cette situation a tendance à disparaître.

Le vrai risque, ce serait de choisir des personnes qui se ressemblent toutes, jusqu’à recruter des clones, et conduire à une standardisation de profils types, avec un manque d’ouverture au sein de l’entreprise. Mais les recruteurs que nous avons interrogé sont très peu (8 %) à identifier ce risque. La majorité (86 %) voit plutôt la cohérence entre les soft skills des collaborateurs et la culture d’entreprise comme une vraie opportunité pour créer une dynamique au sein d’une même équipe, de l’entreprise, et in fine, pour fidéliser les salariés. En fonction des postes, nous avons besoin de compétences différentes, mais celles-ci seront toujours, de toute façon, parmi tous ces savoir-être listés plus haut – car elles facilitent finalement le travail de chacun.

Comment les candidats et les salariés peuvent-ils développer et valoriser leurs compétences comportementales ?

Certaines entreprises, sensibilisées, mettent en place des programmes de développement personnel, de tutorat ou de coaching, qui permettent de se poser des questions sur soi, sur ses forces, sur ses points d’amélioration, et sur la manière dont il est possible d’accroître ses savoir-être – par exemple son organisation et sa rigueur. Mais s’il y en a de plus en plus, 70% des organisations n’ont toujours pas de module de formation pour développer les soft skills.

Ceux qui ne sont pas dans les entreprises sensibilisées à la formation aux compétences comportementales, ainsi que les jeunes diplômés et les étudiants (qui disposeront tous des mêmes hard skills au départ), peuvent prendre part à des activités parascolaires et extra-professionnelles permettant demain de se vendre en donnant à voir leurs soft skills (organisation, rigueur, travail d’équipe…) – par exemple, lancer un journal interne dans son université ou son école, passer son BAFA et accompagner des jeunes sur des camps d’été, ou encore rejoindre une association. Autant d’expériences qui pourront être mises en avant sur un CV afin de faire la différence.


Fabien Soyez – Lire la suite de cet article sur rebondir.fr

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